La problématique du maintien à domicile
Dans les sociétés occidentales modernes à partir d’un âge avancé se pose généralement la question de la fin. Plus précisément, les personnes âgées se retrouvent devant le dilemme qu’entraine la prise en charge des maladies et surtout de l’autonomie : rester à domicile pour finir leurs jours ou plutôt aller en maison de retraite.
Aujourd’hui, une large majorité de personnes âgées préfère rester chez elles le plus longtemps possible et obtenir toute l’aide et tous les soins nécessaires à leurs situations. Ce choix du maintien à domicile des personnes âgées est un choix historiquement ancien grâce au soutien familial et à la volonté des individus de ne pas devoir tout recommencer en quittant leurs environnements habituels au soir de leurs vies alors qu’ils ont pris le temps de se construire un certain nombre d’habitudes. Très peu de familles souhaitent d’ailleurs placer leur proche dépendant en institution spécialisée. Ce choix des individus se justifie aussi par le fait que les institutions pour personnes âgées souffrent d’un déficit de confiance et souvent elles sont assimilées à des mouroirs. De plus, l’hébergement dans ces institutions spécialisées a un coût très élevé auquel ne peuvent faire face beaucoup de gens.
Prenant en compte, ce souhait des individus concernés, les gouvernants ont donc décidé de couper la poire en deux en favorisant le maintien à domicile des personnes âgées et de réserver les places en institutions aux personnes les plus dépendantes. Cette décision des pouvoirs publics se justifient aussi par le fait que les places dans les maisons de repos et de soins se font de plus en plus rares. Toutefois, une évaluation de l’état de santé de la personne âgée est nécessaire avant tout pour décider de son maintien à domicile.
A partir d’un âge avancé, les individus perdent en autonomie et sont donc plus vulnérables. Un certain nombre de risques tels l’isolement, la solitude, la dénutrition et les chutes sont autant d’obstacles au bien-vieillir. Ces risques souvent imbriqués ont des conséquences sur l’autonomie des individus qui peuvent compromettre la vie à domicile. Leur maintien à domicile nécessite une aide humaine quotidienne.
Cette aide humaine quotidienne est assurée à la fois par des personnels médicaux et des personnels non médicaux. L’intervention de personnels médicaux à domicile est nécessaire pour permettre le maintien à domicile des personnes âgées malades ou dépendantes car avec l’avancée en âge, elles sont davantage sujettes aux maladies, pathologies et poly-pathologies. Se faire soigner à domicile est rassurant et permet de ne pas associer à la gravité des pathologies les bouleversements psychologiques pouvant découler d’un changement d’environnement.
Les personnels non médicaux sont les aidants naturels et les services d’aide à domicile. Les aidants naturels sont traditionnellement les premiers acteurs accompagnant au quotidien les personnes âgées en perte d’autonomie. En général, ce sont des membres de la famille ou des proches. Près de trois personnes âgées sur quatre sont soutenues par un proche dans le monde. Les services d’aide à domicile sont des professionnels qui viennent en complément et proposent des aides variées qui vont de l’accompagnement à la garde de nuit en passant par l’aide à la mobilisation, à l’hygiène, aux courses, aux repas, à la prise de médicament, au ménage etc.
L’aide humaine nécessaire dans le cadre du maintien à domicile est insuffisante et doit être complétée par la mise en place d’un certain nombre d’aménagements pour aider les personnes âgées à rester le plus longtemps possible chez elles, en toute sécurité. Il s’agit là de l’aide matérielle qui permet de prévenir les accidents domestiques et de préserver l’autonomie des personnes âgées dans leurs vies quotidiennes. Au-delà des adaptations classiques des pièces à risques de l’habitat, il faut prendre en compte l’importance des nouvelles technologies. La téléalarme historique qui vise à répondre aux situations d’urgence est aujourd’hui largement dépassée par les systèmes de téléassistance plus complets. Grâce à ces services, les personnes âgées sont régulièrement en contact avec le personnel de la structure de gestion de ces services et peuvent recevoir des visites régulières de convivialité réalisées par des bénévoles. Ces visites permettent de s’enquérir de la situation réelle des personnes âgées et de pouvoir informer rapidement les services adéquats en cas d’accident.
Ainsi, les services de téléassistance visent à rompre l’isolement des personnes âgées en créant autour d’elles un réseau de solidarité et rassurent leurs proches. Par ailleurs, il faut préciser que le champ de développement de la domotique et des technologies pensées pour les personnes âgées à domicile est vaste.
L’aide matérielle au maintien à domicile prend aussi en compte la notion d’accessibilité. En effet, la personne âgée doit pouvoir avoir un accès facile et adapté à son cadre de vie. Son domicile doit être suffisamment accessible pour qu’elle ne s’y retrouve pas « prisonnière » et isolée du reste de la société. Il est important que les services et les commerces soient accessibles et à proximité de son domicile, tout comme il est aussi important que des moyens de transports accessibles et adaptés soient prévus pour elle. Ce sont des investissements qui doivent être faits dans le cadre de politiques publiques en vue de protéger le grand âge.
Malgré tous ces dispositifs existants, il ne faut pas éluder les limites du maintien à domicile des personnes âgées. En effet, ce maintien n’est parfois pas possible ni souhaitable. Ces limites découlent d’un cumul de facteurs. Les troubles cognitifs sévères ne permettent pas le maintien à domicile de la majorité des personnes âgées compte tenu des contraintes qu’ils nécessitent. Les personnes âgées disposant d’importants moyens financiers peuvent faire fi de ces contraintes mais la grande majorité d’entre elles manque de financements surtout lorsque leur niveau de dépendance est élevé. A ce niveau se pose le problème des dérives que peuvent entrainer le recours massif à des services d’aides à domicile.
Une autre limite du maintien à domicile des personnes âgées est la ruralité du fait de l’éloignement des professionnels de santé ou du secteur médico-social. Cette limite ne touche pas forcément les personnes âgées faiblement dépendantes ou autonomes surtout si les solidarités et l’implication de l’entourage sont présentes et suffisantes pour leur maintien à domicile. Mais aujourd’hui, l’augmentation du nombre de personnes dépendantes coïncide avec la diminution du nombre d’aidants naturels qui eux aussi du fait du vieillissement des sociétés occidentales se retrouvent dans la même situation.
Des limites liées à l’accessibilité ou aux aménagements du logement et du cadre de vie qui ne sont pas réalisables ou très peu réalisés existent de même que l’accès à l’information sur la question qui n’est pas suffisante.
Des solutions complémentaires ou alternatives peuvent être mises en place pour lutter contre les limites du maintien à domicile des personnes âgées. Les solutions complémentaires existantes sont soit des structures d’accueil de jour qui permettent aux individus d’être pris en charge en journée dans des établissements qui leur proposent des activités ou soit un hébergement temporaire dans une maison de retraite classique si cela s’avère nécessaire. Les solutions alternatives quant à elles peuvent être des familles d’accueil ou de petites unités de vie qui permettent aux personnes âgées de rester dans leur environnement et d’être pris en charge de manière plus humaine et individualisée. Il ne faut pas oublier qu’au-delà de l’aspect financier important, partir en résidence ou en maison de retraite pour les personnes âgées c’est quelque part mourir avant l’heure …
Auteur: Olga Aymone
Liens :
https://www.cnsa.fr/documentation/aap2017_psp_paca_rapport.pdf
http://sante.wallonie.be/sites/default/files/
https://www.strategie.gouv.fr
https://www.sudinfo.be/art/1842896/article/2017-05-12/seniors-vieillir-oui-mais-a-domicile
https://www.sanitaire-social.com/annuaire/maintien-personnes-agees-a-domicile/belgique