La digitalisation des soins de santé
La digitalisation peut être entendue comme l’intégration des technologies numériques dans différents processus dans le but de les améliorer. Aujourd’hui, elle touche tous les cœurs de métier et facilité les activités quotidiennes. Dans le domaine des soins de santé, elle permet une transmission plus rapide et plus complète des données des patients tout en permettant d’augmenter la communication entre les professionnels de santé et les patients.
La digitalisation des soins de santé est un processus sous-tendu par plusieurs raisons qui vont de la volonté de faire évoluer la médecine vers un modèle préventif et prédictif à l’allègement des démarches de santé pour réduire les coûts de structure en passant par le report de certaines tâches sur les professionnels qui doivent être connectés à de multiples plateformes.
Il faut ajouter à ces raisons la logique de responsabilisation des patients qui deviennent acteurs de leur prise en charge en ayant un plus grand accès aux données et informations les concernant. De plus, la digitalisation des soins permet aux professionnels de santé de mieux connaitre leurs patients pour personnaliser leur séjour, de bénéficier d’une formation continue pour mieux maitriser les nouvelles réglementations et les nouvelles technologies de plus en plus utilisées dans les pratiques médicales. Concrètement, cette digitalisation des soins de santé vise à mieux soigner et à moindre coût.
Malgré l’engouement qu’elle suscite, elle est inégalement développée dans les pays occidentaux non en raison de difficultés technologiques mais plutôt en raison du long processus de règlementation et d’organisation qu’elle nécessite. A cela, il faut ajouter la fracture générationnelle entre les professionnels de santé, les plus anciens ayant du mal à maitriser les outils numériques et créant de fait des inégalités de prise en charge. Cette fracture générationnelle est aussi présente au niveau des patients, les plus âgés ayant des difficultés d’accès au monde digital. Mais, la crise sanitaire actuelle et le confinement qui en a découlé ont accéléré sa mise en place de manière certainement irréversible.
En Belgique, le processus rencontre des difficultés du même type que dans bon nombre de pays développés mais il faut reconnaitre une certaine avancée depuis 2018 avec la création du portail e-santé accessible à tous les Belges et qui doit devenir le point central de rassemblement des informations concernant la santé de chaque citoyen. Ce portail a des fonctionnalités réduites pour l’instant car la synchronisation de toutes les informations au même endroit est techniquement un peu complexe du fait de la multiplicité des standards de données existants en fonction des différents établissements médicaux. Sans oublier que les applications professionnelles sont distinctes des applications patients.
Ces difficultés sont accentuées par la complexité institutionnelle belge avec des différences entre le niveau fédéral et les régions autonomes. Une uniformisation des politiques territoriales, des outils et des standards sur la question serait un plus dans l’optimisation du processus et cela nécessite une réelle volonté politique.
Mais, au-delà de l’uniformisation, la digitalisation des soins de santé est une révolution numérique qui nécessite un véritable accompagnement pour être une réussite. L’encadrement et la structuration de la pratique sur les plan juridique, financier et éthique sont prioritaires car tout en étant une affaire de technologie, c’est avant tout une question de santé.
Après ce préalable, il s’agira de promouvoir l’éducation aux données de santé en mettant en place d’une part des actions visant à informer les patients sur le traitement de leurs données personnelles et d’autre part à intégrer ceux complètement en décalage technologique, les personnes âgées par exemple, afin de limiter la rupture sociale potentielle.
Il ne faut pas oublier que l’un des objectifs de la digitalisation des soins de santé est d’encourager la prise de conscience et la participation du patient. Il faudra aussi encourager la mutualisation des données qui permettra à tous les praticiens d’y avoir accès pour une meilleure compréhension et un meilleur traitement des maladies tout en veillant à préserver l’anonymat dans le cas de regroupement d’informations. Pour finir, une formation des praticiens à l’ingénierie sanitaire serait nécessaire pour une meilleure appréhension des dispositifs de digitalisation des soins de santé.
Liens :
https://www.lecho.be/tech-media/dossiers/age-of-data/vers-un-fichier-central-de-la-sante-en-belgique/
https://www.dkv.be/fr/blog/telemedecine-et-e-sante-vers-une-digitalisation-des-soins
https://www.alcimed.com/fr/les-articles-d-alcim/digitalisation-soins-de-sante-en-europe-e-sante/
https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2019-06/