Génération sacrifiée de la crise de la Covid-19
Un an après, la pandémie mondiale de la Covid-19 continue de causer beaucoup de dégâts parmi lesquels un grand nombre de victimes. Les différents éléments relatifs à cette pandémie permettaient de penser que ce serait les plus âgés et les individus dont les systèmes immunitaires sont les plus défaillants qui seraient les principales victimes. Si ce constat s’est avéré vrai sur le plan sanitaire, ce n’est pas du tout le cas pour ce qui est de ses conséquences économiques et sociales.
Les premiers et les plus touchés sont les jeunes à tel point qu’ils sont de plus en plus étiquetés « génération sacrifiée ». Si le terme est un peu excessif, il n’en demeure pas moins vrai que les jeunes soient violemment touchés par cette pandémie sur plusieurs fronts.
Un des fronts les plus importants est le front scolaire car la pandémie a poussé la majorité des gouvernements à mettre en place des mesures de confinement qui obligent les populations à rester dans leur logement ou dans un lieu spécifique. Cela suppose une incapacité d’avoir une scolarité normale sur site. Le confinement se révèle donc comme un facteur aggravant du phénomène de décrochage scolaire existant déjà chez certains jeunes. Cela est encore plus accentué dans certains milieux défavorisés qui n’ont pas les moyens de donner des enseignements compensatoires à leurs enfants. Ce décrochage scolaire aggravé se révèlera indubitablement comme un handicap pour ces jeunes dans l’obtention d’un diplôme et aussi dans l’accession à un emploi et à des revenus décents au vu du retard scolaire qui sera le leur par la suite.
Les lieux de scolarisation étant parfois des espaces de protection et de socialisation pour beaucoup de jeunes issus de familles pauvres, leur fermeture peut entrainer des conséquences lourdes sur leur vie sociale et les pousser vers des destinations peu recommandables.
L’emploi est aussi un front sur lequel les jeunes sont fortement touchés car en raison des mesures sanitaires et des conséquences économiques, ils rencontrent plus de difficultés à trouver du travail. En Belgique par exemple, les mesures sanitaires comme le confinement ont mis à l’arrêt les secteurs les plus pourvoyeurs d’emplois pour les jeunes. Pour ceux qui réussissent à avoir du travail, certaines études récentes tendent à démontrer que l’arrivée sur le marché de l’emploi en pleine crise pourrait avoir des répercussions négatives sur la carrière et les salaires jusqu’à 10 ans plus tard.
Les possibilités de stages se sont réduites quand les stages ne sont pas tout simplement annulés ou reportés. Par conséquent, il leur est aussi impossible de pouvoir bénéficier des références et de la formation pratique que le stage apportait dans leur parcours. Ainsi, un des principaux canaux de recrutement des jeunes en fin de parcours qu’est le stage se retrouve fortement limité.
Dans le même temps, beaucoup de jeunes ont perdu leur emploi et sont durement touchés par le chômage à cause de la crise sanitaire. Les entreprises en difficulté s’étant débarrassées prioritairement des contrats à court terme massivement occupés par les jeunes en ne les renouvelant pas. Les moins favorisés se retrouvent ainsi dans des situations précaires avec de graves difficultés pour assumer les besoins primaires comme le logement ou la nourriture.
Au vu de toutes ces difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes, il faut concéder qu’ils ne sont pas non plus épargnés sur le plan sanitaire même s’ils représentent la catégorie la moins touchée par la pandémie. Ainsi, un grand nombre parmi eux se retrouve en détresse psychologique du fait des effets délétères de la pandémie et des restrictions sanitaires. Les tentatives de suicide augmentent surtout chez les étudiants qui souffrent le plus d’isolement à un âge où le collectif joue un rôle important dans l’épanouissement. De même, les problèmes financiers et la pauvreté causés par l’impossibilité de travailler comme ils en avaient l’habitude sont autant de source d’anxiété, de mal être chez eux.
Conscients des énormes sacrifices imposés aux jeunes qui sont obligés de mettre sous cloche leur vie sociale, leur éducation et parfois leurs projets, les gouvernants mettent en place un certain nombre de mesures. Parmi ces mesures, on peut noter la réouverture de certains lieux d’enseignements, ou encore la volonté de soutenir le secteur de l’emploi en versant une aide financière aux entreprises qui embaucheront des jeunes dans le but de juguler la crise du recrutement. De même, ils prévoient de financer les consultations de psychologues des jeunes.
Mais certaines mesures envisagées ou déjà mises en œuvre ne peuvent être des solutions satisfaisantes car elles nécessitent encore des dépenses au frais du contribuable et qui seront imputées aux jeunes générations qui devront payer pendant des décennies ces dettes contractées au cours de cette pandémie. Elles ne pourront totalement pallier l’impact négatif de la crise sur les jeunes.
Par contre, une prise en charge globale de leur souffrance potentielle, tout en donnant davantage de libertés à ceux parmi eux qui sont moins sujets à développer des symptômes graves et en renforçant les mesures de prévention des populations vulnérables au virus serait un bon signal en faveur de ces jeunes à qui on a imposé de se sacrifier au nom de la survie de tous, surtout pour sauver les vies des aînés dans une société jusqu’alors individualiste voire égoïste.
Liens :
https://www.lecho.be/economie-politique/belgique/general/les-diplomes-covid-une-generation-sacrifiee/
https://www.courrierinternational.com/une/economie-lurgence-deviter-que-les-15-25-ans-ne-soient-une-generation-sacrifiee
http://www.slate.fr/story/191697/crise-covid-19-generation-sacrifiee-jeunesse-education-emploi-chomage
https://www.latribune.fr/economie/france/coronavirus-les-jeunes-se-vivent-comme-la-generation-sacrifiee-de-la-crise-