La journée mondiale de la santé publique
L’OMS a retenu 10 campagnes officielles en faveur de la santé publique mondiale. Parmi elles, la journée mondiale de la santé, célébrée chaque année le 7 avril, offre une occasion de mobiliser l’action autour d’un thème de santé publique qui concerne le monde entier. A cette occasion, des manifestions de sensibilisation sont organisées dans le monde entier afin de mieux informer les populations à propos de la morbidité, la mortalité et la souffrance.
Tout en étant notre patrimoine inaliénable le plus précieux, il faut reconnaitre l’existence d’inégalités au niveau sanitaire dans le monde. Les pays en voie de développement présentent un retard important dans l’accès aux soins du fait de l’inexistence d’un système de santé pour tous, un manque criard d’infrastructures sanitaires entre autres. Mieux lotis, les pays développés bénéficient d’un système de santé efficace, d’infrastructures sanitaires performantes et plus accessibles. Mais, leurs citoyens ne sont pas tous logés à la même enseigne. Un constat de plus en plus alarmant révèle que beaucoup sont obligés, par faute de moyens, de renoncer à certains soins pourtant nécessaires. Il est capital d’éradiquer ces inégalités d’accès aux soins dans le monde.
La journée du 7 avril est donc le lieu de rappeler à travers les différents thèmes retenus que la santé publique est une question collective qui nécessite la collaboration de tous. Cette année, actualité oblige, le COVID-19 polarise toute l’opinion et concentre la quasi-totalité des actions sanitaires du moment. Au vu de sa propagation mondiale (172 pays touchés dans le monde), l’épidémie du COVID-19 est devenue une pandémie depuis le 11 mars 2020 sur la base des critères retenus par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Le COVID-19 est une maladie respiratoire infectieuse facilement assimilable à une grippe. Provoquée par le dernier coronavirus qui a été découvert, cette maladie est apparue pour la première fois à Wuhan en Chine entre novembre et décembre 2019. Ses symptômes les plus courants sont la fièvre, la fatigue et une toux sèche. Mais certains patients présentent en plus, des douleurs, une congestion nasale, un écoulement nasal, des maux de gorge ou une diarrhée.
Il peut arriver que ces symptômes, généralement bénins, n’apparaissent pas chez certains individus qui sont pourtant infectés. D’ailleurs 80 % des individus guérissent sans avoir besoin de traitement particulier au bout d’une quinzaine de jours. Environ un individu infecté sur six présente des symptômes plus graves, notamment une pneumonie ou une dyspnée. Les sujets les plus jeunes atteints du COVID-19 présentent parfois une perte brutale d’odorat sans obstruction du nez, ni écoulement et une perte de goût. Les personnes âgées et celles qui ont d’autres problèmes de santé ont plus de risques de présenter des symptômes graves. Il est d’ailleurs recommandé à tout individu qui a de la fièvre, qui tousse et qui a des difficultés à respirer de consulter un médecin.
La maladie se propage essentiellement par contact avec une personne porteuse du virus par le biais de gouttelettes respiratoires lorsqu’elle tousse ou éternue. Il est à noter que les gouttelettes expulsées peuvent se retrouver sur des objets ou des surfaces autour de la personne en question. Ces objets et surfaces peuvent de ce fait être contagieuses à partir du moment où on les touche et qu’ensuite on se touche les yeux, le nez ou la bouche.
Les mesures de protection élémentaires prises reposent sur deux principes qui sont le respect d’une distance d’un peu plus d’un mètre entre les individus pour empêcher la transmission du virus lorsqu’une personne contagieuse parle, éternue, tousse et le lavage régulier des mains. Bien entendu les règles d’hygiène respiratoire doivent aussi être respectées tout comme il est important d’éviter de se toucher les yeux, le nez et la bouche. Les poignées de mains et embrassades sont aussi proscrits. Un peu partout dans le monde, les autorités sanitaires estiment que le port des gants et des masques n’est nécessaire que dans des environnements particuliers comme les hôpitaux ou lorsqu’on se retrouve à proximité d’une personne susceptible d’être atteinte de la maladie.
En Belgique, des mesures renforcées par le Conseil National de Sécurité élargi aux Ministres-présidents ont été décidées le 17 mars 2020. Ces mesures ont été prolongées jusqu’au 15 avril 2020 sur la base de l’évolution de la propagation du virus. Il s’agit d’un confinement généralisé pour toute la population belge mais avec des dérogations en fonction d’un certain nombre de critères. Difficile à mettre en œuvre, le gouvernement compte sur le sens du devoir et l’engagement personnel des Belges pour que ces mesures aient un impact réel sur la situation. Le confinement à domicile est obligatoire pour les personnes malades afin d’éviter la transmission du virus.
Cette mesure de confinement se rapproche des mesures de confinement strictes adoptées par plusieurs pays comme la France, l’Italie ou encore la Chine pour enrayer la pandémie. Mais, il faut noter que certains Etats tels les Pays-Bas ou encore la Suède ont privilégié une stratégie basée sur le principe d’immunité collective. Ce principe correspond à l’enrayement de la propagation d’une maladie contagieuse par le simple fait qu’une certaine partie de la population y soit immunisée grâce à la vaccination ou le développement d’anticorps après une première contamination. Cette deuxième option qui est de laisser le virus se propager et créer, par la suite, des anticorps avait été privilégiée dans un premier temps par le Royaume-Uni qui finalement s’est ravisé. En effet, l’immunité collective par la création d’anticorps tout en étant scientifiquement défendable, est fortement critiquée d’une part pour des raisons humaines car elle suppose la probabilité de laisser mourir un grand nombre de personnes vulnérables mais d’autre part parce que beaucoup de questions en rapport avec l’immunité à long terme du virus restent posées. Les Etats ayant choisi cette mesure d’immunité collective ont en réalité fait le choix de privilégier leurs économies plutôt que de penser à la protection des plus fragiles.
L’autre option du principe d’immunité collective est l’immunisation grâce à la vaccination mais pour l’instant le COVID-19 ne dispose pas encore de vaccin. C’est une vraie course au vaccin qui est engagée et les avis les plus optimistes tablent sur à peu près un an pour sa mise à disposition. Pour l’instant, les pistes tendent vers un renforcement du système immunitaire grâce, par exemple, au BCG (vaccin contre la tuberculose). En effet, certains chercheurs pensent que la mémoire immunitaire des adultes grâce au BCG est plus vieille que celle des plus jeunes ce qui expliquerait pourquoi ces derniers sont moins touchés. Renforcer le système immunitaire pourra aider à lutter contre les formes sévères de maladies infectieuses. Mais il ne s’agit que de « pistes raisonnables ».
En attendant le vaccin, les regards sont tournés vers le traitement de la maladie. Pour l’instant aucun traitement n’a prouvé son efficacité totale même si de nombreux essais cliniques testant l’efficacité de médicaments sont en cours et recensés par l’OMS. L’automédication est totalement déconseillée par l’OMS qui conseille de prendre du paracétamol en cas de fièvre. Certains médicaments déjà utilisés antérieurement sur des virus notamment ceux d’Ebola et du VIH ont été employés à l’hôpital pour la prise en charge des patients atteints de forme grave.
A Marseille, le Pr Didier Raoult, a utilisé l’hydroxychloroquine, dérivé de la chloroquine qui a prouvé son efficacité sur une vingtaine de patients atteints du COVID-19. Toujours au cœur d’une polémique fortement médiatisée à cause de plusieurs de ses effets secondaires notamment cardiaques, la chloroquine a été autorisée depuis le 26 mars en France alors qu’elle l’était déjà antérieurement dans certains pays (Chine, Etats-Unis). Son utilisation est soumise à un contrôle rigoureux dans les établissements hospitaliers ou dans la poursuite des traitements des malades à domicile.
A ce stade, la crise sanitaire du COVID-19 est la plus grande crise traversée par l’humanité depuis fort longtemps et selon les experts, il est probable qu’elle soit suivie d’une crise économique, humanitaire et sociale. Il ne faut pas oublier que la pandémie n’en est encore qu’à ses débuts sur le continent africain qu’on sait insuffisamment préparé sur les questions de santé publique. Son impact en vient même à remettre en cause les fondements de la société mondialisée d’aujourd’hui. Un peu partout on constate la fermeture des frontières et même au sein de l’Espace Schengen, on assiste au rétablissement des contrôles aux frontières des Etats membres au grand dam de l’Union européenne. Les premières réponses au sein de l’Union européenne sont d’ailleurs des réponses nationales afin de contenir la pandémie et ses conséquences économiques. Certains Etats en appellent aujourd’hui à plus de coordination européenne qui se met timidement en place pour soutenir l’économie et endiguer la maladie.
Il serait bien de rappeler à l’occasion de cette journée mondiale de la santé publique que les réponses à apporter à la pandémie du COVID-19 se doivent d’être collectives pour le bien de l’humanité. Il y aura un avant et un après COVID-19. Cette pandémie a remis en cause un certain nombre de bases de notre société. Il reviendra à chacun de prendre sa part individuellement et collectivement à la reconstruction de notre société.
Liens :
https://www.who.int/fr/
https://www.belgium.be/fr/actualites/2020/coronavirus_mesures_renforcees
https://www.rtbf.be/info/societe/
https://www.inrs.fr/actualites/
https://www.doctissimo.fr/sante/epidemie/